vendredi 4 décembre 2020

Le scandale de la gestion de l'eau (Véognac le retour)

Il y a 13 ans, Cognac
était rebaptisé Véognac.

Véolia a été évincée de la gestion déléguée de l'eau par Grand Cognac cette année au profit de AGUR.
On apprend dans la presse que Grand Cognac porte plainte contre Véolia (contre X, mais c'est bien Véolia qui est visé). En cause le dernier rapport annuel qui indique un rendement du réseau de 63 % seulement ; alors que depuis 2008 le rendement oscillait autour de 85%. Il y aurait eut falsification des données pendant plus de 10 ans !

Le rendement d'un réseau d'eau c'est en gros le rapport entre l'eau brute (pompée dans la ressource) et l'eau réellement distribuée aux usagers. Pour une agglomération comme Cognac (220 km de réseau d'adduction), un rendement de 85 % est considérée comme bon, cela représente 15 % de perte. Avec le rendement désormais de 65%, on a des pertes de l'ordre de 35 % c'est plus la même chose ; là c'est carrément très moyen. Ces pertes sont notamment dut aux fuites du réseau souterrain, lié a son état et ont un surcoût pour les usagers.

L’agglomération, qui a récupéré la gestion de l'ancien syndicat SIEEAC en 2017, fait mine de s’effaroucher maintenant. Pourtant des indices existaient et notre association les avaient en partie dénoncés de 2008 à 2012 lorsque nous faisions parti de la commission de consultation des Services publics. Commission ou nous n'avons été reconduit depuis...

Premier indice : le taux de rendement

En Rouge les pertes de 2000 à 2017.
La baisse de 2007 est spectaculaire
et la constance qui suit tout autant
En 2007-2008 lorsque que le contrat avec Véolia a été renouvelé, Noël Belliot était fier d'avoir put négocier une baisse de 22% du prix de l'eau (hors assainissement), tout en imposant à Véolia une contrainte d'un rendement supérieur à 85 %. Ce fut aussitôt et prestement fait puisque le rendement de 65% en 2006 passa immédiatement à 85% en 2007 et resta grosso modo constant de 2008 à 2018, pendant la durée du contrat. Pourtant rien dans les comptes de Véolia ne laissait apparaître un effort exorbitant d'analyse ou de réparation. Soit Véolia connaissait les origines exactes des grosses fuites (a avait put les réparer rapidement sans engager de couteuses recherches), soit il y avait de la magie dans l'air... Au vue de la plainte actuellement, à priori c'était de la mauvaise magie.

Second indice la taux de renouvellement 

Un autre indice important, c'est le taux de renouvellement du réseau, qui mesure en pourcentage ou mètre linéaire la longueur de réseau qui à été remplacé sur une année. Le réseau d'adduction de Cognac fait environ 220 km de long au total. Les experts estiment que la durée de vie d'un tuyau d'adduction c'est au mieux environ 100 ans. Ce qui signifie que pour avoir un bon réseau, sans trop de fuite, il convient de remplacer 1/100ème des tuyaux chaque année, ainsi au bout de 100 ans on aura tout remplacé par du neuf et on continue ainsi. Soit 1% du réseau (ou 2.2 km en moyenne).

En rouge le renouvellement du réseau
Si si en regardant bien vous apercevrait
une fine ligne rouge en haut.
Or depuis au moins 2000 (les données dont nous disposons) le taux moyen de renouvellement est de 0,25%, le quart. Avec un tel taux il faudra 400 ans pour que l'ensemble du réseau soit remis à neuf... Un peu long comme espérance de vie pour des tuyaux d'adduction. En 2011 par exemple il a été renouvelé 37 mètres (0.02%)... Le graphique ci-contre montre en bleu la longueur du réseau et en rouge ce qui a été remplacé chaque année. Si vous avez une très bonne vue vous apercevrait une fine ligne rouge en haut : c'est le taux de renouvellement !

Depuis 20 ans une bonne gestion aurait renouvelé 1% par an, soit sur 20 ans un total de 44 km ; au lieu de ça il n'a été renouvelé que 9 à 10 km, soit un déficit de 34 km ! Avec un renouvellement aussi faible, comment s'étonner aujourd'hui que le réseau soit en mauvais état ! Comment ne pas avoir eut une étincelle qui aurait dut s'allumer chez nos élus pour voir l'incohérence d'un bon rendement de 85% avec un taux d’entretien du quart nécessaire...

Notre association a dénoncé ce (trop) faible taux lors des CCSPL (Conseil Consultatif du Service Public) de 2008 à 2012, lorsque nous y siégeons. Depuis la reprise du service par Grand Cognac, le CCSPL a disparut pendant 2 années pour être remis en service (c'est une obligation légale) mais sans notre association, évincé au profit d’associations d'envergure nationale mais qui son peu présente...

La gestion déléguée

On a là une mise en évidence du problème principal de la délégation de service public : la perte de compétence et d'expertise de l'autorité délégante. Cognac délègue la gestion de l'eau et d'assainissement depuis 1974 a Véolia jusqu'en 2018, puis à AGUR désormais. Sans compétence ou expertise comment contrôler le délégataire ? Le SIEAAC avait un temps tenté de résoudre ce dilemme en confiance l’analyse a un expert Bordelais qui était un ancien employé de Véolia (sic)...

Seul la gestion directe permet d'avoir un accès aux données réelles et d'avoir une compétence interne qui permet d'analyser les choses et d'avoir la possibilité de prendre les bonnes décisions.

Confier a une société privée, dont l'objectif légitime est le profit, ne peut amener qu'a des dérives sur ce type de service.

D'autant que, en l'espèce, la compétence aurait probablement été de faire relever par un agent les valeurs réelles des compteurs de pompage et de les comparer avec les déclarations de Véolia. Il existe une quinzaine de puits, ça devait être réalisable en 12 années de contrat ?

Qui va payer ?

Grand Cognac a confié pour 10 ans la gestion déléguée à AGUR (une autre société privée) tout en se montrant fier d'avoir baisser la facture de 41% (ce qui fait une baisse totale depuis 2008 de 53% ce qui montre bien que les délégataires se sont gavés pendant des années et probablement en ne faisant pas l'entretien nécessaire d'ailleurs).

Là si le rendement est réellement de 65%, c'est très médiocre et cela signifie que les usagers paye 35% de leur facture pour arroser le sous-sol de Cognac. Il va falloir prendre les choses à bras le corps et investir sérieusement dans le renouvellement du réseau pour rattraper le retard accumulé depuis 20 ans. 

Et qui va payer ? Toujours les mêmes : les usagers.

Et qui s'est mis notre argent dans les poches : les actionnaires de Véolia.

Et qui va dire "on pouvait pas savoir", "ça coûte cher" : nos élus.

2 commentaires:

  1. L'assainissement est de même en mauvaise état

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  2. Très probablement, par contre il n'y a aucun moyen de lma savoir car aucun comptage n'est effectué sur l'assainissement. Et malheureusement cot" assainissement les fuites polluent en plus...

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