En novembre dernier, le directeur de l'hôpital de Cognac tirait la sonnette d'alarme : la maternité est menacée ainsi que le projet de centre hospitalier.
Les causes sont simples : budget déficitaire pour l'hôpital et impossibilité de recruter des anesthésistes pour la clinique.
Il faut savoir que depuis que l'ARH (Agence Régionale Hospitalière) et la municipalité précédente ont cédé la chirurgie à la clinique privée en 2003, la maternité se doit de disposer d'un bloc chirurgical autonome pour les césariennes et d'anesthésistes pour les péridurales.
Avant 2003, c'était le service (rentable) de chirurgie qui le faisait...
Voilà de quoi plomber le budget d'une maternité de très bonne qualité qui a su se développer en passant de 450 à 700 accouchements sur 10 ans.
Un récent rapport de la cour des comptes confirme cette analyse.
De plus, difficile en effet de trouver des anesthésistes pour ne faire que des césariennes ou péridurales, d'autant que le service de réanimation est en cours de transfert à Girac ce qui ne renforce pas l'attractivité de l'hôpital.
Le directeur se serait rapproché des anesthésistes de la clinique (ceux du bloc opératoire qui a été concédé)qui refuseraient de venir faire des gardes à la maternité publique... Solidarité ?
La solution proposée : louer un service à la clinique ainsi qu'un bloc opératoire.
Un traitement de choc pour les défenseurs des services publics : le mariage de la carpe et du lapin.
Ce "plan" est le seul proposé. Il prévoit que la clinique dispose de places libres ainsi que d'un bloc opératoire et que les anesthésistes du privé veuillent bien participer à la maternité relocalisée...
Et comme par hasard, début janvier, le directeur de la clinique indique qu'en effet il dispose de places et même d'un bloc opératoire libre !
Exactement ce qu'il faut pour sauver la maternité, c'est pas beau la vie !
De plus Kapa Santé, le nouvel actionnaire de la clinique, est semble-t-il tout disposé a louer ces espaces à la maternité.
Si ce plan se met en œuvre, cela va permettre à l'hôpital de ne pas construire d'espace pour la maternité dans le nouvel hôpital et ainsi réduire la voilure du projet. Ce qui permettrait de compenser les surcoûts dus aux retards des travaux.
Mais tout ceci est bien dangereux et met une forte hypothèque sur le futur de la santé publique sur notre territoire.
Une clinique privée est un établissement qui peut changer de propriétaire (ce qui vient de se passer durant l'été), qui peut revoir ses priorités ou options, qui peut même fermer. C'est une entreprise soumise aux lois du marché.
Certes tout ceci est régi par des contrats qui assurent un minimum sur la durée.
Mais par exemple, la délégation de chirurgie arrive à terme dans quelques années, les négociations pour la suite ont elles commencé ? L'hôpital envisage-t-il de réintégrer la chirurgie (qui est un service rentable) mais dont il a perdu les compétences et le personnel ? La clinique souhaite-t-elle reconduire le contrat ?
Autant de question qui mettent une épée de damoclès sur la chirurgie et demain sur la maternité.
Car si demain le nouvel hôpital n'a pas été construit avec une maternité, il sera alors impossible de revenir en arrière, la maternité restera dans les locaux de la clinique à la merci des renouvellements de contrat...
Il semble en effet peu probable que la situation financière de l'hôpital de Cognac s'améliore au point de lui permettre de construire une maternité à neuf, même a moyen terme.
Sans oublier tous les aléas financiers que cela va apporter aux usagers.
Car il faudra bien louer l'espace, partager des frais, partager les anesthésistes, voir des infirmières...
Se dirige-t-on doucement vers une privatisation de la maternité ? Voilà un des risques.
De même que la délégation de la chirurgie devait sauver l'hôpital en 2001, on voit maintenant qu'au contraire cela a aggravé les difficultés, que sera l'avenir d'une maternité aussi mal traitée ?
Tout cela ressemble trop à un plan de de structuration mûrement mis en place : On cède le service pilier le plus rentable (chirurgie) au privé, ce qui va affaiblir un autre service rentable et en plein développement : la maternité.
On peut alors transformer la maternité publique en partenariat public-privé, très en vogue.
Et ainsi petit à petit on enlève ou affaiblit des services qui finiront par transformer l'hôpital en coquille vide.
A cette situation locale délicate, s'ajoute une situation nationale très difficile.
Depuis plusieurs années les hôpitaux sont transformés en entreprises qui doivent être rentablse (avec notamment le financement à l'acte).
Nos parlementaires vont bientôt voter de nouvelles lois (dites lois Bachelot) qui vont encore plus fragiliser les petits hôpitaux et dont l'objectif est claire : centraliser les gros services dans les centres départementaux et/ou régionaux.
Au nom d'un principe jusqu'au-boutiste de rentabilité, c'est la solidarité et l'égalité des citoyens qui va être bafouée.
Certes l'hôpital mérite probalement un peu de rationalisation, mais les lois Bachelot vont détruire un tissu local de services de santé qui va contribuer à désertifier nos territoires pour centraliser un peu plus et céder aux sirènes du privé notre santé publique.
La santé publique est au cœur de notre société, c'est un des services les plus essentiels.
Le comité de défense des services publics, défend un hôpital autonome avec tous ces services indispensables.
Pour un hôpital entièrement public, une maternité publique dans les locaux de l'hôpital et pour un retour de la chirurgie dans le giron de l'hôpital.
Mobilisations nationales
24 janvier 2009, mobilisation devant les hôpitaux à partir de 14H : Pour un système de santé solidaire, pour toutes et tous, sur tout le territoire !
29 janvier 2009, mobilisation nationale inter-professionnelle
Pour prendre la mesure de la situation, voir la carte des comités de défenses des hôpitaux.
bonjour,
RépondreSupprimerun service de maternité est il rentable pour une clinique?rapporte t'il de l'argent?
La maternité de Cognac est publique et à ce jour il n'y a pas de projet pour la privatiser de manière immédiate. Il est question par contre de louer des chambres et bureaux dans la clinique privée pour la maternité, afin de ne pas construire dans le futur hôpital l'espace nécessaire.
RépondreSupprimerL'économie pour le public n'est pas évidente (location/construction).
La pertinence de la rentabilité d'un service public n'a rien a voir avec ce que l'on peut entendre dans le secteur privé. Un service public de par sa fonction, ne sélectionne pas ces clients et se doit d'accepter tout un chacun quelque soit ces ressources et quelque soir la gravité de la situation médicale. Un service public de santé se doit aussi de pouvoir répondre a des situations de crises (accidents, épidémie, canicule...) ce qui n'est pas le cas du secteur privé.
Il en résulte qu'une comparaison directe public/privé dans le secteur médical est totalement biaisé et irréaliste.